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Bouger le bateau

  • studiomikinaadm
  • 23 mars 2014
  • 3 min de lecture

Fin de l'hiver.

Grands rayons de soleil. Vraie chaleur qui rend tout un dressing importable. Et le pire : il faut "bouger le bateau". Le bouger de SA place, à laquelle nous l'avions ligoté tout l'hiver de minables amarres effilochées, triplées, ponctuées au fil des "coups de vent" de multiples noeuds plats.

Après des mois de routine,d'une routine habilement agencée (lever 8h, maths avec le café -oui, oui, je prépare le concours infirmier, alors je fais des maths-, promener le chien, courses, manger, boulot pour le CNED -toujours le concours infirmier-, promener le chien, faire la plâtrée de bidoche du chien, boire un verrre, étudier encore, aller au bistrot prendre l'actualité, boire un verre, promener le chien, douche, yoga dans les douches, boire, manger, film téléchargé, dormir) et indispensable par temps si odieux, il a fallu, dès 9h ce matin, "bouger le bateau". Démêler notre enchevêtrement d'amarres (bouts de corde raide est plus approprié, encore une fois), espérer que notre copain de ponton nous file un coup de main, l'attendre sans en avoir trop l'air, et s'extraire de notre espace pour rejoindre, environ 200 pauvres mètres plus loin, le "Ponton Gasoil", où nous attendent le fameux Luis et son acolyte, pour un menu ponçage/peinture.Le chien n'est toujours pas promené. Les maths sont faites, mais le café mal digéré. Et les moteurs tournent (vrombissent)...

On va bouger le bateau. La tension est à peine détendue par l'ami Darren qui s'approche, l'air goguenard évidemment, l'air qui sait que nous avons besoin de lui pour nous relâcher un peu. Il compare nos amarres à des lacets de godasse, laisse ta tasse à café sur le ponton, grimpe à bord, et nous assiste sur ce premier appareillage de la saison. Dans dix minutes le chien va se promener. En attendant, il circule sur le pont, un peu surpris, lui aussi, par cette agitation qu'il avait totalement oublié pendant l'hiver. Il avait repéré, sur ses circuits de balade, chaque chienne disposée du quartier. Elles s'étaient raréfiées pendant les périodes les plus froides, mais depuis quelques jours, les affaires reprenaient. Déception, donc : dans la tête du chien du bord, le moteur qui tourne équivaut à la perte de potentielles conquêtes.

Nous sommes "free" nous lance Darren. Entendre "libres de nos amarres", entendre indépendants, prêts à prendre le large, prêts à nous encastrer par maladresse dans le bateau du voisin, ivres de notre liberté décidée. Mais pas d'encastrage. Pas de heurt. Skippy mon toujours marin de mari aux deux moteurs, l'oeil frais du skipper résolu à braver les éléments, nous sort ne notre emplacement, et passe la première pour longer les bateaux de notre travée... Soudainement, au bout de moins de dix inspire-expire, apparaît alors (sans jumelles), notre destination. Le Ponton Gasoil. La queue du chien s'agite, à la vue de cette côte (et de ses promesses) finalement si vite gagnée.

Luis est là, debout, prêt à saisir au vol l'amarre que j'ai proprement lové à la proue, et, à ce moment précis, ce moment où je vois dans ses yeux qu'il va m'éviter de sauter sur le ponton, je lui voue une reconnaissance imbécile, démesurée.Dix minutes plus tard, amarrés au ponton gasoil, Darren avait disparu, retourné à son petit déjeuner, Luis était au boulot sur la bateau, Coyote baguenaudait au bout de ma laisse, Patrick supervisait, et le linge tournoyait déjà dans la machine à laver (coûteuse) de la marina.Il est 20h, à Porto.

Patrick fait ses nouilles pendant que j'écris ce post, Coyote est repu, étalé sur les coussins du carré, la Vieille Chatte (toujours en vie), après une reconnaissance furtive de ce nouveau ponton, gît à ma gauche dans son panier de vieille chatte claudicante, mais la soirée ne se terminera, ce soir, qu'à bord d'Allegra, bateau d'amis Allemands rencontrés cet hiver.Patrick m'attend. Les nouilles sont saucées. Mais mon dîner attendra un peu... Dans moins d'un an, nous sommes censés traverser l'Atlantique, et dans moins d'un mois, nous quittons la Douro Marina pour notre prochaine escale, à 6 heures d'ici. Il semble être temps de bousculer un peu notre routine rassurante, réconfortante (qu'il est bon de finir une journée en ayant accompli tous ses devoirs), pour dégourdir nos deux micro-quilles de catamaran.Je me relis, je repère des fautes, mais mon clavier m'empêche de corriger. Une touche mystère que laquelle j'ai dû appuyer, qui met tout en bleu et m'interdit les modifications.

Et il est temps de rejoindre Allegra. Bonne nuit à tous.

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